Souhaitant prendre l'air entre potes après cette période du 1er confinement, il nous fallait trouver une destination dépaysante, une destination loin de l'agitation de la ville, une destination où se faire plaisir avec un défi sportif...Notre seule contrainte : la distance.
En effet, il fallait s'assurer de ne pas passer trop de temps en transport et de pouvoir terminer, quoi qu'il arrive, dans la semaine qui suivait... Congès oblige.
Ayant déjà parcouru les Vosges et longé la côte d'Opale quelques mois plus tôt... On a donc pensé à l'Auvergne et ses volcans, facilement accessible par l'autoroute, en 6h.
Qui plus est, on se disait que l'Auvergne en automne, avec toute sa végétation, tous ses lacs, ses forêts, devait vraiment être magnifique.
Il ne manquait plus qu'à acheter le topoguide officiel pour planifier notre expédition et préparer le matériel.
Notre objectif était de parcourir les 200 km du GR30 en 5 jours, en passant chaque jour proche d'une ville où il serait possible de se ravitailler facilement. Après avoir étudier les différents commerces présents à chaque étape, nous sommes arrivés au plan suivant :
Un plan ambitieux, qui impliquait de prendre un maximum de portions en courant : parfait, c'est ce que l'on recherchait !
Mais qu'est-ce qu'on embarque, qu'est-ce qui nous permettra d'être à la fois légers et autonomes sur cette expédition ?
Se posait la principale question du couchage : tente ou gîte ?
Nada ! On a opté pour le tarp, plus léger et ça nous rendait plus flexible sur l'endroit où s'arrêter. J'ai donc commandé un tarp de chez Unigear en 3x3m, livré avec ses sardines, qui nous permettrai de dormir à 3 en montage canadienne.
C'est donc à la citadelle, notre parc Lillois, que l'on part à la recherche de deux arbres pour s'entrainer à monter différents types de camps.
Curieux de savoir comment nous sommes partis avec moins de 6 kg sur le dos ?
Je vous fait la liste ci-dessous de l'ensemble pesé par mes soins, en commençant par le couchage :
Pour le campement, je portais :
Concernant les vêtements :
Côté électronique:
Et côté trousse de toilette:
Il y avait bien sûr les barres de céréales pour un total de 600g, et j'ai voulu prendre un extra afin de tester sur le terrain : l'ensemble Sawyer pour la filtration de l'eau (109g).
Le tout dans sac Waa Ultra 20L, son extension avant de 1L et les gourdes (980g) duquel j'ai enlevé la plaque de renfort pour le dos (60g), remplacée par le tarp ! Un sac que j'ai trouvé vraiment top avec toutes ses possibilités de rangements. Je vous proposerai la présentation du sac prochainement.
Ce qui nous donne un total emporté de 7541g dont 5641g dans le sac et le reste sur moi, eau comprise. Après rélfexion, j'aurai pû me passer de la batterie externe car nous étions régulièrement à des endroits avec la possibilité de recharger, et bien sûr du système Sawyer mais il fallait que je me fasse un avis. ;)
Samedi 10 octobre 2020, 5h30.
Avec Loïc et Ludovic, nous nous appretons à quitter Lille pour rejoindre La Bourboule, dans le Puy-de-Dôme. Nous partons assez tôt car un premier objectif nous attends : parcourir la première étape du GR 30 dans l'après-midi, jusqu'à Orcival.
Arrivés sur place, nous sommes admiratifs devant la beauté de ce paysage... À droite, nous pouvons aperçevoir le Puy de Sancy qui sera, si tout se passe bien 200 km plus tard, notre dernière étape... À gauche, le Puy Gros qui nous offrira un point de vue somptueux sur La Bourboule et Mont-Dore...Et devant nous, une mini piste d'athlétisme sur laquelle on se promet d'en faire le tour en courant une fois revenu, on verra si les jambes sont encore là !
Sans plus attendre, nous faisons un rapide check-up du matériel et répartissons le poids dans les sacs de chacun. Il ne nous manque plus qu'une chose, prendre des forces avant de partir.
Dès les premiers kilomètres, nous attaquons une montée qui devrait nous emmener à 1400m, en haut du premier puy. Ça ne rigole pas ici ! Au delà du ciel bleu nous faisant découvrir un panorama de plus en plus beau, le soleil nous réchauffe le corps: "Si on nous avait dit que la météo allait être aussi belle, c'est un maillot de bain qu'il aurait fallut prendre !"...Entre forêt et vues dégagées, cette première étape nous boost le mental ! On ne savait pas encore ce qui nous attendait quelques heures plus tard.
C'est sur cette partie que l'on a croisé le plus de promeneurs, promeneurs aux regards intrigués par notre attirail qui ne ressemble ni à celui d'un ranndonneur, ni à celui d'un marcheur à la journée: "Mais où vont-ils équiper comme ça ?" lit-on sur leur visage... Une chose est sûr, pour le moment c'est tout en haut !
L'heure pour moi de sortir mon téléphone pour partager ces moments magiques à notre retour... "Attendez les gars, mon téléphone ne s'allume plus !", ce bougre a déjà pris l'humidité et m'abandonne pour le trajet... Remonté à l'idée de ne plus pouvoir donner de nouvelles à mes proches, je me réconforte avec la beauté de ce qui nous entoure : la vue sur la Bourboule, Mont-Dore, sur ces vastes plateaux d'altitude en contrebas... Je vous laisse admirer.
Après une bel échauffement dans la montée, nous décidons de mettre un peu de rythme en commençant à courir. Mis à part quelques descentes techniques, le trajet est assez roulant et nous arrivons à Orcival assez rapidement.
Quand on arrive en ville... Personne change de trotoir, parce-qu'il n'y a vraiment personne ici ! Heureusement, nous trouvons quelques épiceries ouvertes dans le centre pour prendre le ravitaillement du lendemain. Le restau est bien mérité ! D'ailleurs, je vous recommande vraiment l'auberge du Cantou où nous avons mangé de très bonnes spécialités.
On ne tarde pas de trop car il fait noir et il nous reste encore à trouver un endroit pour poser le camp de ce soir...
Pensez à lire la carte pour sortir d'Orcival, le bâlisage est mauvais (il indique une croix partout) et nous a vraiment fait galérer.
On se dit que tout kilomètre parcouru sera bon à prendre pour le lendemain... Mais il pleut, il nous faut désormais un endroit bien abrité pour espérer dormir un peu. Nous trouvons un endroit plutôt intéréssant couvert sous les pins, et en retrait du chemin: "C'est ici qu'on s'arrête !"
Sardines qui ne s'enfoncent pas, faitière trop courte, toile mal tendue, terrain en pente...Nous avons passé la plus mauvaise nuit de notre vie ! Mais qu'est-ce qu'on en aura rit !
Note à moi même: penser à vérifier que l'emplacement est bon avant de tout installer
Après une barre de céréales en guise de petit déj, nous attaquons la route aux alentours de 7h30.
C'est une journée sous la pluie que nous allons passer, assez éprouvante au vu du repos inexistant ! Mais les jambes sont présentes pour courir dans la forêt, aux alentours du puy de la vache, où nous rencontrons un groupe de coureurs avec lequel nous partagerons quelques kilomètres. Eux aussi sont interloqués par notre équipement et surtout par la baguette que l'on se trimbale depuis la veille !
L'heure du repas a sonné avec au programme : baguette trempée, filet mignon séché et fromage de chèvre... On est pas bien là ? Un peu frais je l'avoue, heureusement que nous avons trouvé un emplacement sous abri au camping la clairière à proximité du lac d'Aydat, la pluie ne nous aurait pas fait de cadeau.
La deuxième partie de la journée fut très agréable, le soleil se pointe et a permis à nos affaires de sécher, quel plaisir ! Ça nous laisse même le temps de prendre quelques photos du paysage. D'ailleurs, le passage entre Aydat et Olloix était vraiment plaisant et, à mon sens, représente bien la diversité de l'Auvergne: on passe de paysages assez secs et rocailleux à ceux où la végétation est très présente et humide, en moins d'1km.
Il ne nous reste plus que quelques kilomètres avant d'arriver à destination, les jambes se font lourdes mais l'idée de la chambre d'hôte, réservé au dernier moment après cette nuit dantesque, nous motive.
Nous y avons passé un très bon moment avec un accueil chalereux des hôtes, et un petit déjeuné qui aura sû nous remettre d'aplomb pour la journée suivante.
Avec à la clef, une nuit en tarp ! On allait quand même pas rester sur l'échec de la première nuit, et puis c'est quand même plutôt cool de fabriquer un abri à partir d'une simple bâche !
L'objectif de cette étape était d'arriver à Besse avant 14h (nous sommes partis un peu tard de St Nectaire) pour manger et prendre des provisions pour le camp de ce soir.
Elle a été marquée par un passage magnifique sur les hauteurs entre Murol et le lac Chambon, où les longues montées laissaient places aux descentes dans lesquelles nos jambes se sont bien défoulées !
Arrivée à Besse en Chandesse dans les temps, c'est un plaisir de retrouver un peu de vie dans le centre ville. Centre ville où, malgré le fait que beaucoup de commerces étaient fermés en cette période, le coeur historique se voyait encore parcourir par quelques promeneurs nous indiquant l'emplacement d'une poignée de restaurant encore ouverts.
Après avoir repris des forces et fait le plein au supermarché, nous reprenons la route. Comme souvent après une arrivée en ville, la reprise se fait en montée et cette fois-ci ne fait pas exception, nous montons jusqu'aux plateaux avant d'ateindre le lac Pavin et sa forêt. La motivation d'arriver à Compains est forte et nous nous pretons à quelques accélérations pour arriver à destination en temps et en heure.
Arrivé à Compains et après avoir avalé une barre de céréales, nous décidons de continuer à marcher quelques kilomètres pour trouver l'emplacement idéal. Décidés à ne pas reproduire les mêmes erreurs qu'à la première nuit, nous sommes prudents sur l'analyse du terrain ! Malheureusement, nous ne trouvons pas beaucoup de bois pour allumer un feu depuis la montée, mais il faut faire avec. L'emplacement est trouvé quelques mètres plus loin, je devrais réussir à tendre la faitière à cet endroit pendant que Ludovic part à la recherche de quelques branches: un repas de rêve à base de St Nectaire fondu nous attends !
Malgré le tarp bien monté et le terrain plat, nous n'arrivons pas à fermer l'oeil et pour cause... Un troupeau de souris à décidé de porter compagnie à Ludo ! Il devait être 1h du matin quand on s'est rendu compte que personne ne dormait et la décision est vite prise... On plie bagages, on entame la journée et on prendra le petit déj' à Égliseneuve-d'Entraigues dans un café si tout va bien.
Quelle idée ! On dort à moitié en marchant, la brume est bien présente et la nuit bien installée, il faut donc sortir les frontales et parfois avancer à petits pas pour ne pas se planter.
Cette étape aura été éprouvante mentalement, sans compter l'incertitude de trouver quelque chose d'ouvert à 7h, heure à laquelle nous devrions arriver en ville.
C'est dans les moments compliqués comme celui-ci que j'ai tendance à redoubler d'efforts pour arriver au but. Vigilent, je remarque de la lumière dans un hôtel qui semble ouvert (plutôt rare à cette période): "Génial ! On va pouvoir demander si des commerces sont présents dans le coin !". Malheureusement, l'accès principal est fermé. Une porte cochère laisse supposer un accès à l'arrière cour: il faut tenter. De loin ça ressemble à une cuisine... Bingo ! Le propriétaire nous apperçoit et il accepte de nous servir un repas comme à ses clients.
Cet établissement est une perle: nous étions trempés, boueux, fatigués par la route et malgré ça: nous avons été accueillis comme des rois.
Jus de fruits frais, oeufs brouillés, charcuterie, toasts, thé, café, chocolat chaud, vienoiseries..."Vous avez encore faim ? Je fais des confitures maison !" Ah oui ! On était aux anges, près du chauffage... Si vous passez dans le coin, n'hésitez pas à séjourner à cet hôtel et passez le bonjour de la part des 3 randonneurs du mois d'octobre ! ;)
Nous avons donc toute la journée pour parcourir le chemin vers notre point de chute à l'hôtel du midi. C'est la partie qui nous a semblée la plus longue et la moins sympa car nous étions obligés de traverser les nombreuses tourbières et paturages marécageux avec bien sûr, les pieds trempés dès les premiers kilomètres.
On essaie de positiver pour rendre la traversée moins compliquée mais la douleur aux pieds de Loïc revient vite sur ce terrain accidenté. On est presque content de retrouver la route ! Je dis bien presque, car le reste du parcours n'était pas moins éprouvant mentalement.
D'après la carte, la suite était composée de passages en forêt et proche de lacs. Un vrai parcours du combatant où il fallait, à de nombreuses reprises, escalader d'énormes tronc d'arbres bloquant tous les accès sur le GR... Et pas d'indications d'un éventuel chemin alternatif: on continue la route.
Afin de rendre moins monotone la traversée des bois, on se met à courir tranquillement afin d'arriver à l'hôtel dans l'après-midi et profiter de la cheminée pour se réchauffer.
Nous n'avions pas mangé alors pour le goûter, quoi de mieux qu'un jambon-beurre et vin blanc au coin du feu ?!
Après une telle journée une chose est sûre, nous n'allons pas tarder à dormir ! Le temps de faire une lessive, sécher nos affaires et se relayer à la douche sur le palier, il est déjà l'heure de manger. Nous sommes seuls ce soir, comme dans beaucoup d'établissement. L'occasion d'en profiter pour se reposer dans nos chambres à la déco bien ancrée dans les années 70/80 ! Mais entre-nous, après des journées de marche, un lit au chaud est plus belle chose que l'on puisse avoir.
L'avantage de l'hôtel du midi, c'est qu'il est associé à l'épicerie juste à côté où nous pouvons prendre quelques provisions pour le midi. Après quelques galères pour le réglement à cause des terminaux ne voulant plus se démarrer (NB: toujours avoir du liquide !), nous prenons la route pour ce qui devrait être l'avant dernière étape jusqu'à Chareire.
C'est avec un grand plaisir que nous retrouvons quelques tourbières sur notre chemin ! Heureusement, elles étaient beaucoup moins compliquées à passer que celles de la journée précédente. Nous avançons jusqu'à arriver à la Barthe, région connue notamment pour sa sublime cascade qui ne nous laisse pas indiférents.
Nous arrivons ensuite à l'orée d'un bois où un panneau indiquant la présence d'un troupeau attire notre attention, "que va-t-on croiser aujour'dhui ?"... C'est émerveillé devant la beauté de cet endroit que nous nous posons pour un ravitaillement.
Sûrement intrigués par la présence de 3 gaillards en plein octobre, deux juments s'avancent vers nous. Comme à mon habitude, je m'approche également pour une séance de gratouilles bien appréciée. Nous voyons débarquer 3 autres juments sorties de nul part, elles semblent être jalouses et se poussent mutuellement, l'heure pour nous de partir. C'est amusés que nous constatons qu'elles nous suivent au trot jusqu'à une partie de leur enclos qui était ouvert. Puis elles commencent soudainement à courir dans tous les sens, se pousser, se cabrer, et leur taille impréssionante nous laisse à penser qu'on serait mieux de l'autre côté de l'enclos !
Dans 7 kilomètres, nous devrions arriver à Picherande où quelques commerces sont indiqués, on devrait pouvoir se ravitailler là-bas pour le repas de ce soir. Arrivés sur place, nous trouvons une ville presque morte: tout est fermé, personne aux alentours pour nous conseiller. Nous traçons notre route en misant sur l'auberge de Chareire, qui devrait pouvoir nous acceuillir d'après la propriétaire.
Malheureusement, la partie restauration est fermé à cette période, nous n'avons donc rien pour la soirée. Avant l'arrivée de la propriétaire, nous pensions que la seule option possible était de rejoindre Super Besse, station de ski de la région, et trouver quelque chose là-bas... Mais c'est encore loin.
Dans toute sa gentillesse, la propriétaire du gîte/auberge Du Taraffet nous ramène de quoi manger ce soir: pâtes, st nectaire, charcuterie, pain... Mais aussi pour demain matin ! Elle nous a vraiment sauvé la vie, cette soirée aura été riche en rebondissements. Je me met donc aux fourneaux pour préparer des pâtes à la sauce st nectaire, il faut prendre des forces et se reposer pour la dernière étape qui nous attend demain matin : gravir le Sancy.
Cette étape, c'est l'accomplissement du séjour. Tout le long du GR30, vous avez une vue sur les montagnes du Sancy. On se disait d'ailleurs que le sommet était bien au dessus du brouillard et que ça n'allait pas être un passage évident.
Ce matin, après une opération des pieds de Loïc pour remettre son bandage, nous sommes bien motivés à grimper ! Si tout va bien, nous devrions être à la Bourboule dans l'après-midi.
Le froid est de plus en plus présent, le sol se gèle petit à petit et nous prenons une pause au pied de la montée, comme si nous savions que la suite n'allait pas être du gâteau.
Climat d'altitude oblige, nous passons rapidement du ciel ensoleillé à celui prêt à nous tomber sur la tête ! Gris, noir, bleu, les couleurs sont magnifiques mais pas très rassurantes... On avance, avec plus de difficultés pour ma part suite au rhume que je trimballe depuis le départ. Les touffes d'herbes laissent peu à peu place à un manteau blanc, épais, où nous nous enfonçons parfois à plus de 50cm. La direction vers le sancy est toujours indiqué à environ 2km. On voit d'ailleurs un 4x4 descendre les pistes de ski et tout de suite, on se send un peu moins seul.
Les choses se gâtent, nous avançons mais les chemins sont de moins en moins indiqués, les panneaux se recouvrent de neige et le vent souffle un peu trop à mon goût: la tempête approche. Nous nous retrouvons rapidement sur une ligne crête, tantôt à l'abri par un bloc rocailleux, tantôt exposés aux vents violents. Nous le sentons, il ne faut pas continuer. Ayant étudier la carte la veille, nous savons que le reste du parcours se fait face à la tempête, majoritairement en descente, trop dangereux.
Déçu mais conscient du danger, nous rebroussons chemin et observons que nos pas sont déjà recouverts. Reconnaissant le profil du terrain, je suis sûr de moi : nous venons bien de là-bas. La descente se fera en sécurité sur pistes rouges du domaine, suivant les traces du 4x4 jusqu'à Super-Besse, qui sera finalement l'ultime étape de notre inoubliable rando-trail riche en rebondissements.